San Francisco s'éveille

Publié le par jean-max mejean

J’ai commencé ce blog un jour d’automne de l’année dernière et le temps est passé si vite. J’étais alors en plein fellinisme. Je n’ai rien oublié, je pars bientôt parler à des jeunes du Maestro à Grenoble, j’en profiterai pour présenter Fellinicittà.

Mais cette année, pour le moment, malgré le mauvais temps, point de mélancolie qui pourrit mon cœur. Ma langue midinette qui s’émeut du moindre battement d’aile de papillon revient ravie de San Francisco où tout est à sa place. Avais-je bu le Léthé ou étais-je de particulière bonne humeur. Me revient en mémoire l’époque où je croyais marcher sur un chemin de lumière. Ca fait du bien parfois de croire que le costard de la vie vous a été taillé sur mesure, alors que c’est sûr que certains esprits bien intentionnés s’emploient à vous faire un costume pour l’hiver. Ca tombe bien, j’en ai besoin moi qui me suis toujours habillé chez Tati.

Alors, si je reviens à mon vieux blog qui ne me sert à rien, c’est parce que je veux un peu parler de San Francisco, ses rues qui montent au milieu des bois, ses maisons victoriennes, toutes pareilles et toutes différentes. Son doux climat qui parfois se met en rage et couvre de nuées la ville, le Pont et la baie

tout entière, sauf Sausalito qui, au loin, resplendit comme un modeste Saint-Tropez. Partout vivent encore des hippies, des beatniks, même si on ne les voit plus, on sent l’atmosphère encore délicieusement peace and love. Même les clodos n’ont pas l’air agressif, et le quartier gay malgré ses airs folklo est une source de divertissement un peu suranné.

Je me revois le matin avec G. prenant le café en terrasse dans ce quartier près d’Alamo Square, pas très loin justement des Painted Ladies (groupe de maisons très jolies qui ne parviennent pas à cacher au loin les immeubles de Down Town qui, du coup, en ressortent embellis). Petit café tranquille, où tu peux t’asseoir en terrasse pour jouer avec ton portable ou aux échecs ou encore lire le journal, sans consommer et sans qu’on te demande ce que tu veux d’un ton rogue. Ses trottoirs assez larges pour laisser passer poussettes, skaters et même vélos sans gêner les piétons. On entend même les oiseaux, un hibou me regarde et dans la cour de l’immeuble où je dormais, j’entendais les palombes et les poules dans le jardinet du dessous. Qui disait déjà qu’il faudrait construire les villes à la campagne ? N’est-ce pas le cas pour San Fran ?

Tu peux tout faire, te déguiser, courir sur le Golden Gate Bridge

, penser aux films qu’on y a tournés ou qu’on y tournera, et toujours en ligne de mire l’océan depuis Twin Peaks, ou la baie toujours recommencée avec le phare d’Alcatraz
qui clignote la nuit et qui donne envie de pleurer. Prends le ferry depuis Sausalito, tu pourras même y boire au bar un irish coffee comme si tu partais pour une croisière de quelques minutes. Et d’un coup de vieille américaine, te voilà en trois heures dans le plus beau Park
préhistorique du monde, attention tu ne rencontreras pas des dinosaures, mais des lynx qui, tranquilles, partent à la chasse bras dessus dessous avec des oursons magiques. Il avait raison, à SF on a jeté la clé, monde alicien dont peu de monde a les codes mais dont il faut profiter
. Carpe diem pourrait être sa devise. 
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