Facteur, triste facteur !

Publié le par jean-max mejean

La face du monde

Eût-elle été changée

Si le coureur de Marathon

Avait faxé au lieu de sprinter ?

S'est-il bousillé en vain

La rate et le pancréas ?

Et Madame de Sévigné

Si elle avait téléphoné

A sa fille en province

Au lieu de se manier la pince ?

Aurions-nous été plus heureux

De lire les mots de Dulcinée

Sur l'écran plat du Minitel jauni ?

3615 Amecaline ou Hameçon.

Et Descartes c'est sur du Vélin

Qu'il écrivait à sa reine de Suède.

Et verrait-on Dante surfer

Sur le Web cherchant sa Béatrice ?

dante@bea.it. Non !

Non, plus que jamais !

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« Facteur, triste facteur »

Presse le pas et porte-moi

Des papyrus,

Des tablettes d'argile, de cire,

Des parchemins sentant le suint,

De vieux grimoires,

Des arcanes d'Arcadie,

Des feuilles volantes ou volées,

Des avions de papier,

De l'art postal, tu sais cet art en boîte de camembert,

Des morceaux de chiffon,

Des notes griffonnées,

Des lettres parfumées,

Du Vélin 3 Arches,

Du style quoi,

Des cartes postales, de vœux, de visite,

Du papier verre, de riz, d'Arménie ou de Prisu,

Et même le Saint suaire.

Mais, par pitié, pas de virtuel.

J'ai besoin que tu glisses

Ta lettre ou ton paquet,

Que tu sonnes,

Que tu dises bonjour

Et moi de répondre.

 

Je veux que son visage se grave

Dans les mots qu'elle trace

De sa main et que sa plume

S'enfonce tendrement

Dans ce papier qu'elle aime tant.

Presse le pas, facteur,

Car l'amour n'attend pas.

 

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