Brassens : Supplique pour ne pas être exposé à la Cité de la musique !
Ô vie heureuse des bobos qui croient dépoussiérer les choses
Et comme Saturne, croyant bousculer les roses,
Tuent le temps comme ils peuvent.
Quand deux imbéciles heureux
S’amusaient à des bagatelles,
Un tas de génies amoureux
Venaient leur tenir la chandelle dans une expo
Dans un temple de béton armé
Qui tente de se repeindre aux couleurs de l’impasse.
Quand ils sont tout neufs,
Qu’ils sortent de l’œuf,
Du cocon,
Tous les jeunes blancs-becs
Prennent les vieux mecs
Pour des cons.
Bien sûr qu’il y a du boulot,
De bons techniciens
Et surtout des téléramistes qui font la queue deux heures pleines
Pour entrevoir les muscles du sacré Georges
Qui caresse la chatte de Jeanne ou soulève ses haltères.
La co-commissaire pendant ce temps se désaltère
Car à force de cracher dans tous les micros,
Elle a soif la bougresse.
Ça ne lui suffit pas de déblatérer,
Il faut aussi que la pauvrette fasse du buzz.
Partie gagnée d’avance, car la Cité est une forteresse
D’airain, un coup d’aile d’oiseau ne l’entame même pas
Aurait dit ce cher Léo.
Entre Fort Bastiani et palais des Ubu
La Cité de la musique n’a pas besoin
D’emboucher les trompettes de la renommée.
Il lui suffit d’exister sur Internet
Et le reste des médias au garde à vous
Retransmet le moindre de ses pets.
Mais les amours d’antan,
Pour qui n’a rien compris à tonton Georges
ce ne sont pas les pulls nylon
qu’ils soient bleus ou marron foncé,
c’était de la grisette :
Margot la blanche caille
Et Fanchon la cousette,
Pas la moindre noblesse,
Excusez-moi du peu…
Mais la mélancolie, il y a longtemps que les branchouilles
L’ont chié avec les reliefs du Lagarde et Michard
Car pour eux La pléiade ça sert qu’à décorer
Une étagère de chez Roche Bobois.
On en pleurerait des larmes entières
Et pas de crocodiles, malheureusement pas de gorille à l’horizon
Pour leur dépoussiérer le fondement.